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N° 26. Se faire entendre : "Du démon de Socrate", de L.F. Lélut

N° 26. Se faire entendre

Parmi la multitude et la richesse des recherches en psychopathologie au XIXème siècle sur les hallucinations, les travaux de Louis-Francisque Lélut (1804-1877) sont sensiblement différents de ceux d’Esquirol, de Leuret ou encore de Séglas. En effet, ses deux ouvrages les plus connus s’appliquent à des personnages de l’Histoire, voire à des symboles. Il s’agit Du démon de Socrate. Spécimen d’une application de la science psychologique à celle de l’histoire (1836) et de L’amulette de Pascal pour servir à l’histoire des hallucinations (1846), tous deux publiés chez le même éditeur, J.-B. Baillière à Paris.
On trouvera ici, in extenso, la seconde édition revue et corrigée Du démon de Socrate, publiée vingt ans après la première et augmentée d’une longue préface dans laquelle l’auteur s’explique notamment par rapport aux critiques qu’il reçut suite à la première publication de son livre.
Lacan, loin d’ignorer ces débats sur les hallucinations, pointait leur caractère de balbutiement, particulièrement quant au problème du diagnostic (Problèmes cruciaux pour la psychanalyse, 20 janvier 1965). C’est qu’il leur manquait une approche de la voix comme objet non empirique pour appréhender sa fonction au-delà des variations du phénomène. L’ouvrage de Lélut montre à quel point Socrate avait en effet un rapport privilégié à cet objet ; rapport que Lacan disait irréfragable puisque la « voix dont Socrate nous témoigne assurément qu’elle n’était pas une métaphore » ne se prête pas à interprétation (Ibid.). Néanmoins l’affinité de Socrate à cet objet particulier qu’est la voix marque aussi son style toujours un peu « en dehors », « sans dépendance », distinct « de tout ce qui est autour de lui » (Ibid., 17 mars 1965) qui, en retour, dit quelque chose de la qualité séparative de l’objet a dans sa substance invocante. On comprend pourquoi, tout comme pour « Joyce le symptôme », Lacan nommera Socrate en apposant à son nom le trait de son dire, celui-là même du style qu’il tient de son objet : Socrate l’atopique.

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Du démon de Socrate