L’une des thèses les plus connues en même temps que les plus fortes de Lacan est que « l’inconscient est structuré comme un langage ». Mais il est difficile de parler de langage sans que la notion de langue ne soit mise en jeu. Si Saussure nous a appris à distinguer langage et langue, il est des langues – comme l’anglais – qui ne distingue pas les deux notions. L’un des problèmes que pose presque immédiatement la formule lacanienne, dès lors qu’on la prend au sérieux, est de savoir quel rapport l’inconscient entretient avec les langues réellement parlées et écrites, à commencer par l’anglais sur lequel le livre porte presque exclusivement. Or on a la surprise, quand on cherche sur ce terrain, de découvrir que, sans être tout à fait inexistante, comme on en jugera en consultant notre bibliographie, la littérature n’est pas non plus, sur ce sujet, très abondante. Il faut ajouter que ce que Lacan en dit lui-même est assez déconcertant. À l’en croire, les anglophones ne seraient pas analysables. Nous cherchons le sens de cette affirmation en examinant l’usage que Lacan fait de la langue anglaise dans son travail : son utilisation des philosophes anglais, des savants anglais, de la littérature anglaise, des psychologues et des psychiatres anglophones. Sans oublier les contacts que Lacan a pu et dû avoir avec la langue anglaise quand il s’agissait de structurer la psychanalyse sur le plan international. Le choix de l’anglais, qui s’est souvent imposé aux psychanalystes, n’était pas sans conséquences sur la pratique même de l’analyse. Le présent livre se veut un premier jalon pour confronter l’inconscient à d’autres langues, comme l’allemand, le grec, le latin, l’hébreu ; ces langues seront soumises à une étude comparable à celle présentée par notre livre sur Lacan et la langue anglaise.
Le livre comporte cinq parties.
Première partie : Lacan et les philosophes anglais.
Partie II : Quelques éléments de logique et de linguistique.
Partie III : Les savants anglophones cités pour des raisons épistémologiques.
Partie IV : Ecrivains anglais et leurs commentateurs.
Partie V : Psychologues et psychanalystes lus en anglais.
A propos de l’auteur
Jean-Pierre Cléro est professeur émérite de philosophie à l’université de Rouen ; il enseigne par ailleurs à Sciences-Po (Paris). Auteur d’un Essai sur les fictions publié chez Hermann en 2015, il a publié, concernant Lacan, et la psychanalyse de façon plus générale, quelques ouvrages [Le vocabulaire de Lacan (2002, 2006), Dictionnaire Lacan (2008), Y a-t-il une philosophie de Lacan ? (2006)] et quelques articles [Lacan et la langue anglaise, (Essaim, 2012), Jacques Lacan. Psychanalyse et politique, (Cités n° 16, 2003), Lacan lecteur de Bentham. La vérité a structure de fiction, Cahiers de l‘Unebévue, 1999), Il faut réécrire l’esthétique transcendantale, Maison arabe du livre, 2009)].